Quel est l’élan qui t’a mis sur ce projet ?
Les observateurs de notre société la définissent souvent comme étant celle de l’image ayant pris le pas sur les mots. Je crois qu’il peut en être ainsi car nous ne prenons plus le temps nécessaire à l’écoute.

Qu’est ce qui a motivé un premier portrait puis un second ?
À l’origine entamé comme exercice de style dont les sujets étaient uniquement des personnalités reconnues, le portrait étant un genre et sujet classiques d’étude académique, je décidais de peindre également tout à chacun. Des personnalités rencontrées par hasard, dans mon quartier ou ailleurs, des connaissances proches ou lointaines qui ont accepté de se prêter à ce travail artistique.
Tout en assemblant des lignes, en construisant des formes graphiques révélant les visages, je me souvenais également de ces échanges, des phrases, petites fulgurances ou sagesse populaire qui si elle n’était écrites auraient pu disparaître dans le flux de la parole. Or ces mots sont aussi une grande part de l’identité des personnalités rencontrées.

Qu’est ce qui te tient le plus à cœur dans cette démarche ?
« Moi c’est nous » est une démarche qui souhaite exposer nos parts sensibles et sensées au travers des mots associés à l’image.
Sommes-nous encore capables de nous écouter, de nous voir, de nous présenter tels que nous sommes ? Comment et pourquoi cet autre Moi peut-il nous toucher ? Que retenons-nous d’une personnalité, l’image prend-elle le pas sur les mots, les mots sont-ils plus à même de laisser une empreinte, ces derniers s’ils sont sortis de leurs contextes sont-ils encore lisibles et fidèles au locuteur ?
« Moi c’est nous » est une incitation à exprimer en toute simplicité et authenticité ce que l’on pense à un moment donné, sans jugement ni conclusion analytique.

En quoi est-elle une étape dans ton travail artistique ?
La technique utilisée est numérique, en utilisant volontairement la manière académique des médium traditionnels, et en forçant les capacités logicielles. L’image peut être projetée, immatérielle, son support n’est plus uniquement tangible, papier ou toile.
Je souhaite proposer ce mode de travail comme témoignages et ce dans tous les contextes. Mais je reviendrai prochainement à des techniques d’expression traditionnelles, il y a un charme tout particulier dans l'utilisation du support papier.

D.